Le marché de l’art décrypté
Que représente exactement le milieu de l’art ? Quelles valeurs économiques, quelles tendances, quel profil d’acheteurs font ce marché de l’art ?
Le milieu de l’art décrypté
Selon le rapport UBS (Global Art Market Report 2022), les ventes mondiales dans le marché de l’art se sont élevées à 65.1 billions de dollars en 2021, soit 29% de mieux que l’année précédente mais surtout avec des montants dépassant ceux de la période avant la pandémie.
Le ton est donné par ces chiffres. Souvent le milieu de l’art intrigue, est-il de niche, de quoi parle-ton exactement ? Autant de questions que toute personne est en droit de se poser.
Analysons dès lors cela de manière plus approfondie.
Les chiffres que l’on retrouve dans les rapports proviennent de résultats de salles de vente et de galeries qui communiquent leur chiffre lors de foire ou dans leur société. Grâce à ces informations, des études peuvent dresser l’état des lieux du secteur et permettre d’avoir un baromètre.
En 2021, un peu plus d’un tiers des collecteurs HNW (Individus à valeur nette élevée) avaient dépensé plus d’1 million de dollars en art et antiquités, en hausse de 20% en 2020 et plus du double du niveau de 2019. La Chine continentale détenait la plus haute part des dépenses à ce niveau (44 %), et toutefois des taux élevés en Allemagne (38%), en France, et aux États-Unis (36% chacun) étaient également relevés. Des foires tels Brafa, Frieze Master ou encore Tefaf représentent des moments clés dans le calendrier des collectionneurs.
Qu’achète-on ?
Alors que les médias traditionnels dominent en valeur en 2021, pour 11% des collecteurs HNW les dépenses étaient consacrées à l’art numérique avec un petit nombre de jeunes collectionneurs qui ont dépensé des sommes importantes dans l’art digital, avec 5 % de la génération Z et 4 % des collectionneurs millénaires ayant dépensé plus d’un million de dollars. Mais cette tendance est encore faible, plusieurs spécialistes de marché financier préfèrent encore conseiller à leurs clients d’observer ce marché du crypto plutôt qu’y être déjà bien actif.
Où achète-on ?
Les collectionneurs HNW ont rapporté que 46 % de leurs dépenses totales en 2021 était chez les marchands, les galeries ou les foires d’art et 20% aux enchères.
Les dépenses des foires d’art ont été segmentées entre les événements en direct (9 %) et OVR (7%) (Online Virtual Room, mises sur pied pendant la pandémie), tandis que les ventes chez les professionnels étaient partagées entre leurs galeries (13%), leurs sites internet ou OVR (10%) et 7% par téléphone ou email.
Une constante économique ?
Toutefois on constate grâce au rapport d’UBS sur le secteur de l’investissement que l’art et les antiquités ne représentent qu’1% du portefeuille des family offices (alors qu’il représentait 3% en 2019). Il est sûr qu’en période de crise ou d’incertitude, l’investisseur reste sur ses valeurs sûres à ses yeux. On constate d’ailleurs que le marché des assets est resté globalement assez stable.
Un autre marqueur de tendances se situe au niveau des frontières avec le Brexit qui a opéré un changement des comportements dans le milieu. Tout d’abord plusieurs galeries anglaises ont ouvert une antenne à Paris (faisant de cette ville une nouvelle place forte du marché de l’art, on peut y noter notamment la présence de Didier Claes, marchand d’art africain bruxellois qui vient d’ouvrir en février 2023 une antenne sur rendez-vous ou encore la galerie brésilienne Mendes Wood qui après New York l’année passée a ouvert en janvier à Paris).
Londres dès lors perd sa place forte auprès de New York sur l’échiquier des leaders de vente, en Asie et en particulier Hong Kong étant encore au ralenti dû à la longue gestion de la pandémie en maintenant les frontières fermées jusqu’il y a peu.
Le marché de l’art génère donc un taux important d’échanges financiers et s’adapte continuellement comme les autres marchés aux tendances économiques. Il n’est dès lors pas si niche que cela dès que l’on a conscience de ces quelques clés de fonctionnement tout comme on gère son portefeuille en bon père de famille.
Stéphanie Bliard